Janet vient d’être nommée ministre dans un cabinet fantôme et pour célébrer ce poste, elle organise un dîner avec ses amis proches. Le film débute alors qu’elle est en train de cuisiner et qu’elle reçoit un appel pour la féliciter. Son mari, qui se trouve dans la pièce voisine où il écoute des vinyles en buvant du vin, semble incapable de se réjouir.
Leurs amis commencent alors à arriver. Tout d’abord, April, une Américaine très cynique, accompagnée de son mari allemand Gottfried, un genre de conseiller de vie. Arrive ensuite le couple de lesbiennes formé par Martha et sa compagne enceinte Jinny. Et enfin, Tom, homme d’affaires à l’allure fringante, qui annonce que sa femme Marianne sera légèrement en retard avant de foncer dans la salle de bain afin de sniffer de la cocaïne. Dans cette même scène, il laisse le public apercevoir le revolver qu’il cache dans sa poche et dont il n’a pas l’air fier.
La soirée est animée par les révélations de chacun. L’échographie de Jinny a montré qu’elle attendait des triplés, une raison de se réjouir... Mais aussi de s’inquiéter, pour sa compagne, nettement plus âgée. C’est toutefois Bill qui va faire la déclaration la plus fracassante : il est atteint d’une maladie incurable. Janet l’apprend en même temps que ses invités et reçoit dans la soirée des messages d’amour d’un expéditeur "inconnu".
Unité de lieu : un intérieur confortable de la bonne bourgeoisie anglaise, à cheval sur les bons principes de la solidarité sociale…et de la réussite tout aussi sociale.
Unité de temps : une soirée entre » amis » pour célébrer la nomination comme ministre de la santé de la maîtresse de maison. Unité d’action : les amitiés qui se dynamitent, les apparences qui explosent, une entreprise de démolition, plus rien qui subsiste de cette respectabilité. Ce film, court, assume sa théâtralité qui en fait le charme. Les répliques fusent, les personnages semblent sortis d’un roman de David Lodge, d’un ridicule pathétique dans le rôle dans lequel ils se sont enfermés.
Sally Potter a rassemblé sur le plateau (oui, on est au théâtre) une brochette d’acteurs qui donnent à leurs personnages des saveurs variées et fort agréables. Mention spéciale à Kristin Scott Thomas, névrotique, à Patricia Clarkson, cynique, et à l’inattendu Bruno Ganz, sorte de gourou compatissant et ridicule. Ce jeu de guignols risque de mal se terminer, on le sait dès la première scène, qui est aussi la dernière, mais on s’en fout un peu : on s’est bien amusé au détriment de personnages auxquels on n’est pas obligé de croire. Les pantins sont désarticulés : rideau !!