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LOUIS-FERDINAND CELINE (DEUX CLOWNS POUR UNE CATASTROPHE) (2016) - Cinemaniacs.be
LOUIS-FERDINAND CELINE (DEUX CLOWNS POUR UNE CATASTROPHE) |
1948. Accusé par la justice française d'avoir collaboré avec les Nazis, Louis-Ferdinand Céline s'est exilé au Danemark avec sa femme, Lucette. Milton Hindus, jeune écrivain juif américain, qui l'admire et le soutient avec ferveur, le rejoint au fin fond de la campagne danoise, avec l'intention de tirer de leur rencontre un livre de souvenirs.
De la confrontation entre les deux hommes, personne ne sortira indemne...
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Le film de Emmanuel Bourdieu raconte une rencontre des plus improbables, et qui pourtant eut bien lieu : Martin Hindus, jeune écrivain juif américain, traverse l’Atlantique en laissant une épouse aimée enceinte de quelques mois, pour rencontrer celui qu’il admire tant : Céline, le grand écrivain, sans doute l’un des plus grands du 20ème siècle, l’un des collaborateurs avec les nazis les plus antisémites d’une époque qui pourtant n’en manquait pas ! En 1948, à l’époque où se situe la rencontre, il vit reclus au Danemark, sous le coup d’une condamnation à mort en France, en compagnie de Lucette, sa compagne, fidèle protectrice à travers toutes les épreuves, et le chat Bébert, véritable personnage des romans antérieurs (D’un château l’autre). D’étranges relations vont heurter les 2 hommes, faites de détestation, de fascination. Parfois s’esquisse une sorte de tendresse pour cet américain, parfois au bord de la rupture, mais qui revient toujours, subjugué. Denis Lavant, acteur inclassable, capable de prêter son corps et son talent à toutes les outrances, était sans doute celui qui pouvait le mieux incarner ce génie ravagé par une folie destructrice contre lui-même, et tous ceux qui l’entourent et conspirent à sa perte. Dans ses crises paranoïaques qui peuvent éclater à tout moment, il est incapable de maîtriser sa haine contre les juifs, fauteurs de guerre et qui mènent le monde à sa perte. Il devient hideux, dangereux autant pour lui-même que pour ceux qui essaient de l’aider. L’acteur-fétiche de L.Carax surjoue, comme souvent, mais ici, cette outrance rend parfaitement la démence du personnage. Parfois, et c’est une richesse du film, il laisse deviner la détresse et la solitude de l’homme –Céline, dans ses douloureux moments de lucidité. Interprétation théâtrale, sans doute, qui fait basculer le film vers le théâtre, sans doute, mais qui emmène le spectateur- de cinéma- hors des sentiers battus, et il ne s’en plaindra pas. Géraldine Pailhas crée une étrange Lucette : belle, silencieuse, calme au milieu des pires débordements du »grand homme » jusqu’à en devenir elle-même inquiétante, que veut-elle au juste ? Apporter un peu de lucidité dans ce chaos ? Le lien qui l’unit à Ferdinand est fort pour résister à tant d’épreuves, ces deux-là s’aiment, mais comme c’est étrange ! Au final, un film (théâtral) passionnant, déroutant. S’il pouvait donner l’envie à quelques-uns de se(re)plonger dans l’œuvre de Céline ,celle qui n’est pas polluée par sa haine des juifs, qui s’en plaindrait ?? |
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