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A QUIET PASSION (2016) Emily Dickinson, a quiet passion - Cinemaniacs.be
A QUIET PASSION
Emily Dickinson, a quiet passion


Une jeune Emily Dickinson tient calmement tête à une professeur de l’université féminine de Mount Hoyoke en affirmant qu’elle ne souhaite ni être sauvée par la divine providence, ni oubliée par elle. À travers cette contradiction obstinée, la Dickinson adulte survit au quotidien. Un quotidien délimité par le manoir de la famille, la rigidité de son père, la présence silencieuse de sa mère, le soutien inconditionnel de sa sœur Vinnie et la virilité de son frère Austin. Une vie qu’elle s’obstine à ne pas changer, le pain de son existence dans laquelle la poésie constitue un refuge contre ses inquiétudes et désillusions. Refuge qu’elle trouve également dans les remarques déplacées de Vryling Buffam et les sermons du révérend Wadsworth qui, cependant, ne seront pas éternellement à ses côtés.



Un biopic qui ne ressemble guère à tant d’autres du genre, et c’est tant mieux ! La mine est inépuisable, le biopic cache souvent un manque d’inspiration, c’est un refuge de la facilité du monde de la production cinématographique condamnée, elle aussi, à toujours plus : trop de films, pour se succéder sans fin, et qui doivent se ressembler. Un formatage censé plaire au grand public, appellation plutôt méprisante, et qui est en réalité obligé de subir ! Terence Davies n’a pas, lui, choisi la facilité en adaptant la vie de la poétesse américaine contemporaine de la guerre de sécession, Emily Dickinson. Vie sans relief, sans scandale majeur, sans amours fracassantes, aucune promesse de péripétie haletante. Etrange personnage dont le film montre les contradictions, en se gardant bien de donner des explications paresseusement rassurantes. La poétesse garde tout son mystère, qui s’alourdit au fil des ans, elle qui semble avoir décidé que le bonheur dans ses composantes les plus simples (l’amour, l’amitié) n’est pas fait pour elle. Le film ne s’autorise aucune envolée lyrique qu’aurait pu susciter une poésie qui parle pourtant de passion amoureuse, qui célèbre la beauté de la nature. Il est, péché mortel pour certains, austère, grave. Les dialogues sont très écrits, osons le deuxième péché mortel, littéraires. Le temps s’écoule lentement, dans des lieux clos, ceux de la maison familiale, où règne la rigidité du conformisme moral et religieux de la Nouvelle Angleterre presbytérienne. Emily refusera de sortir de la propriété familiale, seul le jardin aux fleurs les plus rares est pour elle synonyme d’évasion, elles inspirent des poèmes qu’elle écrit la nuit (après en avoir demandé la permission à son père !), qu’elle coud patiemment dans des cahiers, et qu’elle dissimule. Seuls une dizaine seront publiés de son vivant sur le millier qu’elle a écrit, et qui donnent sens à sa vie. Elle ne paraîtra bientôt plus que vêtue de blanc, comme si elle cherchait à s’effacer à la lumière du jour, et refusera de s’adresser directement à ceux qui viennent la saluer et qui ont deviné en elle un talent secret. Cynthia Nixon impose son personnage, solitaire et rebelle (elle refuse d’aller au Temple mais dit sa dévotion à Jésus, elle affiche un féminisme qui n’empêche pas la résignation dans les tâches ménagères les plus simples). Il paraît que le budget de la réalisation était serré, ce qui, pour certains, explique le manque d’envolée du film. Mais la contrainte a ses vertus, elle nous vaut ici la beauté sans effet facile. Rares sont les films capables de rendre justice à un grand écrivain, à une grande œuvre littéraire : en voici un (largement soutenu par la Flandre et sacré meilleur film du dernier Festival de Gand), lent, curieux, magnifiquement soutenu par les poèmes dits en voix off, qui emplissent les images de leur mélancolie.

Jean-Pierre Sculier









2016
Belgique Grande-Bretagne
Drame
biographique
2h05


Realisateur

Terence
Davies




Acteur

Cynthia
Nixon

(Emily Dickinson)


Jennifer
Ehle

(Vinnie Dickinson)


Duncan
Duff

(Austin Dickinson)


Keith
Carradine

(Le père Edward Dickinson)


Jodhi
May

(Susan Gilbert)


Emma
Bell

(Emily Dickinson, jeune)


Scenariste

Terence Davies

Producteur

Roy Boulter

Solon Papadopoulos

Date de Sortie

Belgique
02/11/2016
DVD
18/07/2017
France
03/05/2017

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

Remain In Light Home Entertainment