KAGUYAHIME NO MONOGATARI (2014) Le conte de la princesse Kaguya

Les 2 grands maîtres du cinéma d’animation japonais disent tous les 2 avoir créé leur œuvre ultime. Le dernier film de Miyazaki (Le vent se lève) était une très belle réussite, celui de Takahata est un pur chef-d’œuvre. Allant puiser au plus profond de l’imaginaire du conte japonais, il en dégage avec humilité et respect des trésors de raffinement. Les décors, à peine esquissés, ont la délicatesse d’une aquarelle et la nature, omniprésente, porte tout le mystère d’une estampe : merveilleux alliage que le cinéma, redevenu ici un art, permet. Bien sûr, le regard est nostalgique. La Princesse, descendue de la lune, découvre un monde figé dans ses rites féodaux, ses vanités, sa violence. Et c’est au contact de la nature que l’homme, même le plus pauvre, garde le sens du beau et de l’émerveillement. Vision passéiste, sans doute, mais qui ne manque pas de panache. Quelle est belle et fragile la petite princesse apparue un jour au regard du vieux coupeur de bambous. Que diable vient-elle faire sur cette terre ? Quelle faute a-t-elle commise pour y être envoyée, comme en exil ? Son retour sur la lune signifie-t-elle la fin de la punition ? Le film se garde bien de dévoiler le mystère. Pas plus qu’il n’impose sens à la mélancolie du regard de Kagua contemplant la terre et les humains pour la dernière fois. Peut-être, après tout, ne sont-ils pas si moches ? Alors, une œuvre testament ? Parions que le besoin du beau viendra à nouveau pousser le grand Takahata sur les chemins de la création.