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LEVIATHAN (2014) - Cinemaniacs.be
LEVIATHAN




Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Romka qu’il a eu d’un précédent mariage. Vadim Sergeyich, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Sergeyich devient plus agressif.


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Prix du meilleur Scénario au dernier Festival de Cannes, le film de Zviguintsev secoue, remue, éblouit. Heureux Festivaliers qui auront pu s’enthousiasmer une même année pour Winter Sleep, Mommy, Léviathan. Qui aurait le plus mérité la Palme ? Peu importe, ce sont des œuvres qui, dans leur diversité, portent bien haut les exigences et le plaisir cinématographiques.

Le film de Zviguintsev est ancré dans les réalités sociales *de la Russie contemporaine, toutefois dépassées par une vision très noire de la condition humaine, qui le transcende et lui donne une dimension universelle teintée de mysticisme (il est facile de penser au cinéma de Tarkovski. L’écrasement sans pitié de Kolia, qui perd tous ses repères et ses raisons de vivre, sa femme, son boulot et, surtout, l’environnement naturel qui a toujours été le sien, fait penser aux malheurs de Job, les références bibliques étant d’ailleurs explicites tout au long du drame qui se noue peu à peu sans pouvoir( le spectateur en a vite la certitude) se dénouer jamais. Job n’avait pas d’autre voie que la soumission, Kolia est appelé à disparaître de sa propre vie sans comprendre pourquoi le ciel lui est tombé sur la tête. Les images, somptueuses, renforcent cette impression d’un monde en décomposition, elles sont d’un symbolisme appuyé, carcasses de navires pourrissants, squelettes de baleines à la taille quasi monstrueuse.

Images du Grand Nord, au bord de la Mer de Barents , hostile, sauvage et tourmentée, d’une beauté à la fois somptueuse et angoissante encore sublimée par la musique de Philippe Glass. S’il le souhaite, le spectateur peut limiter son regard à la vision au vitriol de tous les maux dont souffre la Russie poutinienne (sur fond de continuité sans doute). Corruption de la justice, de la police, collusion mafieuse avec le pouvoir politique (il est parfois difficile de démêler les deux), rôle malsain de l’Eglise (orthodoxe) qui prêche la résignation et l’acceptation des injustices les plus révoltantes : pauvre Job, pauvre Kolia.

Le film est noir, d’une noirceur encore exacerbée par un comique de situations que la consommation frénétique de vodka rend d’une violence et d’une bouffonnerie parfois proche d’une pas très douce folie. La vodka, personnage à part entière du film, aux vertus d’oubli mais aussi, facteur indispensable d’une manière de vivre (on ne dira pas un art, il ne faut tout de même pas exagérer !). Il est hautement recommandé de s’enivrer de ce film, le Léviathan y rampe partout, mais le talent d’un grand réalisateur lui donne une beauté sulfureuse qui ne lâche pas le spectateur de sitôt.

Jean-Pierre Sculier

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2014
Russie
Drame
2h21


Realisateur

Andrey
Zvyagintsev




Acteur

Elena
Lyadova

(Lilya)


Vladimir
Vdovichenkov

(Dmitri Seleznev)


Aleksey
Serebryakov

(Nikolai)


Anna
Ukolova



Roman
Madyanov



Scenariste

Andrey Zvyagintsev

Oleg Negin

Producteur

Aleksandr Rodnyansky

Compositeur

Philip Glass

Date de Sortie

Belgique
22/10/2014
DVD
03/02/2015
BLU RAY
03/02/2015
France
24/09/2014
USA
31/12/2014

Distributeur

Lumière

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

Lumière



Sur le web USA









2015

Nomination Meilleur Film en Langue Etrangère