Pendant l'entre-deux guerres, le légendaire concierge d'une grand hôtel parisien et son jeune protégé se retrouvent impliqués dans une histoire mêlant le vol d'un tableau de la Renaissance, la bataille pour une énorme fortune familiale, et le lent puis soudain bouleversement qui transforme l'Europe en cette première moitié de XXème siècle.
Wes Anderson revient, et pour nous offrir à nouveau un divertissement de choix ! Une intrigue qui rebondit, vive et teintée d’absurdité, comme dans un bon vieux Wim Wenders. Le réalisateur américain crée l’Etat imaginaire de Zubrowka, ses stations thermales, ses grands hôtels raffinés avec sa clientèle mondaine, un peu ridicule, à l’image de ces femmes d’âge mûr( Tilda Swinton, méconnaissable) qui apprécient à leur juste valeur les attentions de Gustave, le concierge si raffiné(Ralph Fiennes, épatant debout en bout). Nous voici dans une Europe Centrale d’avant-guerre, en carton pâte et délibérément kitsch, mais pas si lointaine de celle que décrit avec tant de nostalgie Stefan Zweig dans Le Monde d’Hier. Brillante, cultivée, tolérante. Mais les nationalismes menacent, bientôt ils balaieront ce cosmopolitisme haï. Zubrowka n’échappera pas à la tourmente et c’en sera fini du calme voluptueux du Grand Hôtel de Budapest. Les envahisseurs ressemblent à ceux du Dictateur de Chaplin, ici aussi le rire donne du sens. Il ne faudrait toutefois pas surestimer la portée sociale ou politique du film, il n’a rien de pesant, de démonstratif, on s’étonne au contraire de tant d’inventivité dans les dialogues, dans les situations et la variété des personnages. Le spectateur s’amuse à mesure qu’il découvre, parfois dans des rôles mineurs mais toujours savoureux, les acteurs liés au cinéma de W. Anderson, visiblement réjouis d’être de sa nouvelle aventure : à vous le plaisir de les découvrir à mesure qu’ils apportent leur grain de sel ou de folie dans l’histoire. Un beau cadeau, Grand Prix du Jury à la dernière Berlinale.