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PAS SON GENRE (2014) - Cinemaniacs.be
Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Entre l'ennui qui l'oppresse et la météo qui le plombe, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C'est alors qu'il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines "people" et de soirées karaoké avec ses copines. Coeurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?
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La filmographie de L.Belvaux est riche de longs métrages de qualité, on se souvient sans peine de 38 Témoins, de Rapt ou encore de cette épatante Trilogie sortie en 2001.
Aucun n’approche toutefois de la qualité de sa dernière réalisation. Une merveille d’intelligence,de vivacité et d’émotion. Des dialogues ciselés,des interprètes magnifiques. Delvaux joue avec les apparences d’une comédie romantique dans la bonne ville d’Arras, pas mécontente de son assoupissement gentiment perturbé de temps à autre par les cortèges carnavalesques, les flonflons des fanfares. Rencontre d’un homme et d’une femme, jeunes, plutôt beaux, en apparence libres. Mais les clichés sont ici faits pour être lézardés, laissant apparaître les failles de Clément et de Jennifer, leur mélancolie. Magnifique portait des 2 personnages,délicatement tissé au travers des mots mais aussi des sourires, des regards qui cachent et soulignent en même temps, le bonheur d’être ensemble mais aussi la peur de l’engagement pour l’un, celle de l’abandon pour l’autre. Le sujet n’est pas nouveau, mais il est ici abordé avec une grande délicatesse, le regard de L. Delvaux n’offre pas de prise à un quelconque jugement, et l’interprétation place les personnages bien au –dessus de toute velléité de moralisme : pas de « bourreau », pas de « victime », mais un homme et une femme qui se débrouillent comme ils peuvent avec les codes culturels et sociaux dont ils ont hérité. L’une plonge dans le karaoké du samedi et les dernières infos people, l’autre se rêve philosophe,
écrivain, nouvelle coqueluche de Saint Germain des Près. Jennifer aspire à un bonheur simple, fait d’engagement et de tendres habitudes, Clément, tout à son désir de vivre librement chaque instant, recule au contraire devant ce qui pourrait ressembler à une relation stable. Au contact l’un de l’autre, les codes se fragilisent. Sans pour autant s’écrouler pour offrir une happy- end rose et sans aspérité. La réussite du film doit beaucoup à l’interprétation de Loïc Corbery. Merci à la Comédie Française d’enrichir le cinéma de nouveaux talents qui, miracle d’une diction travaillée, rendent leur texte compréhensible ! Une sorte d’exception française ! Emilie Dequenne, elle, irradie tout le film d’un talent immense qui se renouvelle de rôle en rôle. Delvaux lui a offert un magnifique personnage, elle le lui a rendu, simple, vivant, chaleureux, heureux de vivre, la vie n’a pas été tendre avec elle, mais elle reste debout.
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2015
Nomination Meilleur Film
Nomination Meilleur Scénario Original ou Adaptation
Magritte du Meilleur Scénario Original ou Adaptation
Nomination Meilleure Réalisation
Lucas Belvaux
Nomination Meilleure Actrice
Magritte de la Meilleure Actrice
Emilie Dequenne
Nomination Meilleure Actrice dans un Second Rôle
Anne Coesens
Nomination Meilleur Son
Magritte du Meilleur Son
Nomination Meilleure Musique Originale
Nomination Meilleur Montage
2015
Nomination Meilleure Actrice
Emilie Dequenne
Nomination Meilleure Adaptation
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