PRINCE AVALANCHE (2013) Prince of Texas

Film sympathique, d’un des réalisateurs les plus en vue du cinéma indépendant américain. Précisons tout de même qu’il s’agit du remake d’un film islandais récent, passé inaperçu, Either Way, et auquel Prince of Texas ressemble comme un jumeau. Ainsi va le cinéma d’aujourd’hui, souvent en panne de scénario original, même quand il porte le label d’indépendant. On se prend vite de sympathie pour Lance et Alvin, deux ouvriers, deux hommes jeunes aux rêves si différents, mais également paumés, chacun à sa manière, si près de rater leur vie, même s’ils ne s’en apercevront que petit à petit, dans une cohabitation forcée pour un boulot étrange, à la limite de l’absurde. Perdus dans une nature elle-même cramée (au sens propre), que peuvent-ils faire d’autre que se parler, s’engueuler, savourer ce qu’ils croient être leurs certitudes et leurs victoires, pour s’avouer finalement leurs échecs ? Le film de David Gordon Green vaut surtout par l’étrangeté qui s’en dégage dans ses moments les plus réussis. Il prend parfois l’apparence d’un huis clos, aux dialogues marqués d’un humour absurde. Une certaine théâtralité dans le jeu des personnages, avec pour décor un paysage désolé, fait d’arbres calcinés et de maisons en ruines, accentue le paradoxe. Des personnages énigmatiques apparaissent pour disparaître lentement dans un décor qui parfois s’obscurcit, devient plus angoissant comme s’il ne s’agissait plus d’un paysage après incendie mais plutôt de fin de monde. Désolation du paysage, comme un miroir de la solitude et de la peine des 2 hommes. Prince of Texas n’a rien d’un chef d’œuvre, il recycle des thèmes chers au cinéma indépendant, il a néanmoins sa petite musique propre qui en fait un agréable divertissement.