NO (2012)

Voilà un film qui nous replonge dans une des périodes les plus sombres de l’histoire chilienne, et sous un angle pour le moins inattendu. Sous la pression internationale, le dictateur Pinochet est contraint d’organiser un référendum : le régime, en place depuis le coup d’Etat de 73, stop ou encore ? On connaît la réponse, on découvre la voie insolite qui a conduit à la salutaire victoire du Non. Le réalisateur Pablo Larrain uniformise les images d’archives et une fiction que l’on devine proche de la réalité. Il pousse le souci de réalisme jusqu’à utiliser le matériel vidéo de l’époque et tourner en 4/3 .Le résultat est convaincant et c’est avec étonnement que le spectateur assiste à la mise en mouvement de la campagne en faveur du Non. Un jeune publiciste fort peu politisé, plutôt passionné de skate , de train électrique et de belles bagnoles ? orchestre une campagne qui ressemble fort à la mise sur le marché d’un soda censé apporter sourire et joie de vivre. Le No se décline sous toutes les formes de la pub, à coup de jingles, de chants et de danses, d’humour de situation, basique mais efficace. Bien sûr, le réalisateur ne sous-estime pas la mobilisation et l’engagement d’hommes et de femmes qui ont parfois payé très cher leur opposition à la dictature. Mais la force de l’image, séductrice et manipulatrice, est tout de même très interpellante, même si ici elle est au service d’une cause juste. Et nul doute que 25 ans plus tard, ce genre de manipulation a encore fait beaucoup de progrès. La démocratie s’est installée au Chili, on vous laisse découvrir quelle sera la première campagne orchestrée par ce jeune publiciste désormais entouré de « fidèles » serviteurs de l’ancien régime qui ont viré de bord au bon moment. Fallait-il faire semblant de tout changer pour que rien ne change ? Un film intelligent, engagé, et qui atteint une universalité évidente.