NADER AND SIMIN, A SEPARATION (2011)

Ours d’Or au Festival de Berlin, Ours d’Argent (2 !) pour les interprétations féminines et masculines, le film d’Asghar Farhadi est une réussite de plus de ce cinéma iranien qui n’en finit pas de produire des œuvres remarquables. Comme si les contraintes d’un contexte politico-religieux liberticide stimulaient la nécessité de la créativité. L’histoire a l’apparence banale d’un drame privé, celui de la séparation d’un couple et du choix douloureux de la jeune adolescente déchirée entre le père et la mère. Dans une tension dramatique de plus en plus forte, l’intrigue laisse percevoir les divisions sociales et les antagonismes qui traversent cette société d’une complexité parfois mystérieuse. Leurs désirs contradictoires mais surtout le prescrit des conventions et des tabous socio-religieux enferment les personnages dans des conflits qui risquent bien d’être sans issue. Comme s’ils étaient pris dans un engrenage de lois humaines et religieuses qui leur interdit les choix d’une conscience libre. Sans abandonner son récit d’une tragédie intime, le regard du réalisateur se fait critique. Les voiles des femmes volent à tout vent, ils s’ajustent constamment devant les miroirs et indifférencient les personnes derrière les vitres, comment savoir qu’une femme est enceinte lorsqu’elle a le ventre perdu dans son tchador ? Homme et femme, quelle que soit sa condition sociale, chacun se cache et s’enferme dans ses mensonges, se culpabilise et s’enrage de mentir. La société ainsi montrée est bien celle de la dissimulation et de l’asservissement. Et l’appareil judiciaire-des scènes extraordinaires dans le bureau d’un juge surmené ! – en est comme la synthèse dans son fonctionnement absurde. Dépourvu de toute lourdeur démonstrative, le film d’A. Farhadi est passionnant, apportant une pierre de plus au cinéma de la diversité.