L'histoire de Laure. Elle a dix ans et c'est un garçon manqué. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et sa bande qu'elle est un garçon. Action ou vérité ? Action. L'été devient un grand terrain de jeu et Laure devient Michael, un garçon comme les autres. Suffisamment différent pour attirer l'attention de Lisa qui tombe amoureuse. Laure profite de sa nouvelle identité comme si la fin de l'été n'allait jamais révéler son troublant secret.
Un film très personnel, léger et grave, merveilleux de douceur, qui a la grâce d’un film de Truffaut. La toute jeune Laure se regarde dans le miroir et se voit en Michaël. Elle sera Michaël pour ses nouveaux copains, ira jouer au foot et se mêlera volontiers à leurs parties de castagne. Ce faisant, elle attire le regard de Lisa qui tombe amoureuse de lui (d’elle).Jusqu’où cette confusion des sexes pourra-t-elle aller sans tomber dans le drame ? La réalisatrice Céline Sciamma s’interdit toute analyse ou réflexion « psychologisante », rien de scabreux ni de glauque dans son regard mais au contraire beaucoup d’innocence et de lumière. La caméra est attentive aux jeux des enfants, elle s’attarde sur les dernières baignades de l’été finissant. Non, les enfants ne sont pas ici ce qu’ils sont trop souvent au cinéma, des adultes en miniature. On découvre qu’ils ont des sentiments et une logique adultes (et non pas d’adultes), qu’ils comprennent parfois plus vite les situations les plus délicates, les dédramatisent spontanément et n’éprouvent pas le besoin de juger : ainsi la merveilleuse petite sœur de Laure, qui partage tout naturellement le secret comme s’il allait de soi avec l’affection qu’elle a pour son aînée. De la fin des vacances, de la rentrée des classes qui devraient mettre un terme à la supercherie, nous ne saurons rien. Mais Laure est entourée de tant d’affection qu’on peut penser qu’elle se tirera sans dommages de ce moment si particulier de sa vie, où le mensonge aura été la vérité. La dernière scène du film, si juste, si tendre, est comme un appel à la suite de l’éducation sentimentale, il y aura d’autres émois, d’autres peines, d’autres étés. On comprend que la réalisatrice ait préféré le titre anglais à sa traduction « un garçon manqué ». Son très beau film nous emmène loin des stéréotypes des genoux écorchés pour nous offrir une tranche de mystère : sommes-nous toujours certains de qui nous sommes ? Ne faut-il pas, comme Laure-Michaël, savoir assumer ses désirs pour exister au milieu des autres ?