IN A BETTER WORLD

Titre danois : HAEVNEN, traduisible par la REVANCHE ou la VENGEANCE. Positivons la bizarrerie des traductions. L’opposition des titres traduit bien les hésitations et les choix auxquels les personnages sont confrontés une fois embarqués contre leur volonté dans des situations qui risquent de les dépasser. Oscar 2011 du meilleur film en langue étrangère (entendez non anglo-américaine), le film de Susanne Bier utilise les ressorts du mélodrame pour poser avec une insistance plutôt efficace une question éthique que le cinéma aborde souvent de façon ambiguë, à coups de flingues et de règlements de comptes sans fin : la violence peut-elle être maîtrisée par son refus ? Le scénario entrecroise, et c’est là l’essentiel de son originalité, la catastrophe humanitaire dans un pays d’Afrique subsaharienne, ravagé par la barbarie sans limites des «seigneurs» de la guerre, et la vie soudain dramatique de 2 familles aisées de ce Danemark si beau et si paisible. Anton est chirurgien dans un camp de réfugiés, son idéalisme et son pacifisme sont mis à rude épreuve, et il n’en sort pas toujours vainqueur. Mais c’est aussi un père, confronté, pour défendre son fils persécuté et humilié à l’école, à des choix analogues. S’en sortira-t-il mieux ? S .Bier tient à nous révéler la souffrance qui se dissimule sous le vernis de la réussite sociale : il n’y a pas de peuple sans tragédie, il n’y a pas de famille sans drame, et les raisons n’en sont pas si éloignées. On ne prétendra pas que le film renouvelle la vision de ces déchirements, planétaires ou intimes. Mais les personnages, s’ils sont à la limite du cliché, ont leur force, à commencer par les 2 adolescents, dont l’amitié se nourrit de leurs tourments et de leurs contradictions. Et on appréciera que la réalisatrice, tout en soulevant des questions essentielles, se garde bien de nous asséner une leçon de morale. Libre à chaque spectateur de choisir le titre de ce film, avec tout ce que ce choix comporte.