THE ANSWER MAN

Le cinéma indépendant américain nous emmène souvent hors des sentiers battus pour nous offrir des films qui échappent au formatage, et dont se désintéressent les circuits classiques de la distribution. Il faudra donc se hâter pour voir ce premier long métrage de John Hindman, un petit bijou d’humour tendre, parfois caustique mais jamais méchant.Arlen Faber doit son immense popularité d’écrivain à un livre écrit il y a plus de 20 ans, dans lequel il consignait ses entretiens avec Dieu. Un livre de recettes, en quelque sorte, censées apaiser les doutes et les angoisses de tous les cabossés de la vie (ce qui fait beaucoup de monde). Le film raille, gentiment, cette recherche, tous âges et toutes classes sociales confondus, du gourou illuminé d’une parole aussi divine que simple et rassurante. Ce rôle, Arlen l’assume de plus en plus difficilement, il se cache de ses admirateurs, s’enferme dans une misanthropie dont la méchanceté fait rire(en tout cas le spectateur) plus qu’elle ne scandalise. Elle est plaisamment mise en scène et l’interprétation de Jeff Daniels, savoureuse, en fait d’abord le révélateur d’une personnalité étrange, fabriquée à coup de rigidités qui l’isolent et le protègent….jusqu’à ce que l’amitié et l’amour, surgis par des voies improbables, ne les fassent voler en éclats. Les lecteurs de Arlen en sortiront-ils frustrés et meurtris dans leurs certitudes ou réussiront-ils à s’émanciper des vérités toutes faites ? Le film se garde bien de se transformer en leçon, il ne renonce pas à sa légèreté, jusqu’à flirter, dans son dénouement, avec l’invraisemblance.