Alger, années 1920. Le rabbin Sfar vit avec sa fille Zlabya, un perroquet bruyant et un chat espiègle qui dévore le perroquet et se met à parler pour ne dire que des mensonges. Le rabbin veut l'éloigner. Mais le chat, fou amoureux de sa petite maîtresse, est prêt à tout pour rester auprès d'elle... même à faire sa bar mitsva ! Le rabbin devra enseigner à son chat les rudiments de loi mosaïque ! Une lettre apprend au rabbin que pour garder son poste, il doit se soumettre à une dictée en français. Pour l'aider, son chat commet le sacrilège d'invoquer l'Eternel. Le rabbin réussit mais le chat ne parle plus. On le traite de nouveau comme un animal ordinaire. Son seul ami sera bientôt un peintre russe en quête d'une Jérusalem imaginaire où vivraient des Juifs noirs. Il parvient à convaincre le rabbin, un ancien soldat du Tsar, un chanteur et le chat de faire avec lui la route coloniale...
Joann Sfar adapte ses propres bandes dessinées et crée un dessin animé plein d’humour, d’impertinence et de générosité. Passons sur un emploi sans grand intérêt de la 3D et relevons plutôt la qualité d’un graphisme « à l’ancienne », qui traduit à merveille les couleurs et les senteurs de l’Alger populaire des années 1930, quand Juifs et Musulmans pouvaient encore se chamailler entre cousins d’une même famille ! Avec malice, tendresse et fantaisie, J.Sfar décrit cette vie quotidienne faite de religiosité et de sensualité, où les grandes Vérités talmudiques et les petits accommodements avec le Ciel constituent le tissu d’une vie harmonieuse. Oui, le film est coloré d’une profonde nostalgie. Le voyage aventureux du Chat et de ses amis, plein d’embûches et de rencontres improbables (Tintin au Congo !), est toujours exposé aux mêmes dangers, chaque épisode est lourd des mêmes menaces d’intolérance et de fanatisme religieux. Mais la leçon n’est pas sans danger pour le scénario : la seconde partie du film a ses lourdeurs didactiques, la volonté démonstrative est trop évidente, et c’est bien dommage ! Ajoutons que la profusion des personnages qui viennent s’ajouter à mesure des aventures nuit à la cohérence de l’ensemble, de même que les ellipses et les raccourcis trop fréquents. Difficultés de l’adaptation, sans doute. Reste que le film n’est pas indigne des B.D. qui l’ont inspiré, sans pour autant enlever le désir et le plaisir de s’y replonger.