MATERNELLE

Le film de Blasband a la saveur et la simplicité des produits artisanaux du terroir : sans colorant artificiel ni exhausseur de goût. Et il ne lui sera sans doute pas facile de faire apprécier ses qualités tant le « fast » cinéma impose massivement ses produits tellement mieux calibrés pour une digestion rapide, sans lendemain, vite remplacés par d’autres, de la même molle consistance. L’intrigue de Maternelle ne brille pas par son originalité (les fantômes sont très sollicités en ce moment !) mais il est des sujets qui méritent d’être sans cesse revisités, et la délicate relation parents-enfants, ici abordée, est de ceux-là. Viviane a cru pouvoir enfouir à jamais ses blessures d’enfance. En vain .Elles vont resurgir et accentuer les désarrois d’une femme qui croyait avoir trouvé son équilibre et voit toutes ses constructions professionnelles et affectives vaciller dangereusement. Aylin Yay, fidèle actrice et égérie des films de Blasband, est cette si banale directrice d’école maternelle. Grâce aux incessants jeux d’ombre et de lumière qui traversent son beau visage parcouru de sourires, d’incompréhensions, d’angoisses voire de colères, on réalise que les gens « ordinaires » ont une histoire, on redécouvre avec les mêmes sentiments mélangés, qu’il n’est décidément pas facile d’être à la hauteur de ses rêves, affranchi des pesanteurs du passé et du regard des autres. On s’apercevra sans peine que l’artisan- Blasband a réalisé son film dans les limites d’un budget modeste. Il parvient, une fois encore, à nous rendre ces limites sympathiques.