ZION ET SON FRERE

La simplicité du film risque de l’écraser entre l’indifférence de l’été et les superproductions des usines à rêves. Il mérite un meilleur sort. L’histoire se passe dans la triste banlieue d’une ville israélienne, c’est-à-dire nulle part, ou plutôt n’importe où dans un coin déshérité du monde. On s’étonne toujours que les hommes puissent se ressembler à ce point lorsqu’ils doivent se battre pour survivre dans un quotidien délabré. Zion et son frère s’aiment et se haïssent, ils souffrent des mêmes blessures, l’absence du père (que l’on devine en prison), l’immaturité d’une mère qui essaie tant bien que mal (plutôt mal) de protéger ses enfants tout en reconstruisant sa vie. Un lourd secret va les enchaîner l’un à l’autre, faisant peser sur eux comme un déterminisme qui les empêche de se libérer d’un milieu où l’amour et la compassion semblent vécus comme des faiblesses .Meir, l’aîné, s’en accommode , il transforme ses frustrations en haine, il étouffe son mal-être dans la violence . Zion cherche à s’affranchir, il sait être tendre mais il paraît bien seul dans cet univers étouffant et sans autre horizon qu’une barrière d’immeubles traversée par le bruit fracassant du train. Pas sûr que son désir de liberté résistera longtemps à la dureté de ce monde. Le film ne contient ni charge sociale ni dénonciation d’un quelconque racisme, le réalisateur laisse guerre, attentat, terrorisme à l’extérieur du champ. Reconnaissons que la mise en scène ne brille pas par son originalité, pas plus que le sujet, pas plus que les personnages. Reste que l’œuvre mérite l’estime parce qu’elle arpente avec modestie et respect une part du réel que le cinéma a trop facilement à transformer en haut lieu du misérabilisme quand ce n‘est pas de l’hyper-violence.