Rien ne semble troubler la paix de Hardborough, aimable bourgade de l'Est de l'Angleterre. Mais quand Florence Green, une jeune veuve, décide d'y ouvrir une librairie, elle découvre l'enfer feutré des médisances puis l'ostracisme féroce d'une partie de la population. Alors que la très influente Violet Gamart monte les habitants contre son projet, Florence trouve un soutien précieux auprès du mystérieux Mr Brundish, qui trouve que cette petite ville a bien besoin d'un souffle nouveau.
Consacré Prix Goya du meilleur film et du meilleur réalisateur en 2017, ce film espagnol d’Isabel Coixet est adapté d’un roman éponyme de Pénélope Fitzgerald, paru initialement sous un autre titre, « L’Affaire Lolita ». Par un de ces beaux paradoxes du cinéma, l’atmosphère est on ne peut plus » british », et l’adaptation très réussie.
L’histoire est simple, c’est un bel hommage à la littérature, à ceux (celles) dont elle façonne la vie.Florence est veuve depuis plusieurs années, elle partageait avec son défunt mari la même passion pour la littérature. Dans une petite ville de l’Est de l’Angleterre, Hardborough, elle achète une vieille bâtisse en ruines pour en faire une librairie. Sa détermination lui permet de vaincre de nombreux obstacles, aidée dans son entreprise par un vieux misanthrope solitaire et bourru, qui a choisi de vivre en marge de la société qu’il méprise, immergé dans la littérature.
Dans cette Angleterre provinciale de la fin des années 50, le puritanisme n’est pas mort, et les notables traditionnels sont peu disposés à céder ne fût-ce qu’une parcelle de leur domination ancestrale. La librairie gêne : non seulement on y vend le sulfureux Lolita de Nabokov, ce qui crée un large succès au moins de curiosité, mais elle s’est construite sur une ruine, certes, mais convoitée par celle qui veut en faire un centre de la culture locale. Histoire de garder la domination d’un pouvoir quasi moyenâgeux. Il faut que rien ne change, que l’ordre établi reste établi. L’affrontement se fera dans la perfidie et l’hypocrisie tant de fois repérées dans la littérature anglaise, et une fois de plus on se laisse presque envoûter par le raffinement de cette méchanceté qui ravage sans jamais se dévoiler.
Même si le film ne révèle rien de neuf, il est séduisant par l’élégance dont le sujet est traité, et le jeu des actrices : Patricia Clarkson est parfaite dans sa perfidie, Emily Mortimer dans son obstination. Quant à sa jeune assistante Christine, qui découvre le monde des adultes et sa cruauté, mais aussi ce qui en fait sa beauté, elle donne au dénouement une tournure inattendue (on ne vous raconte pas), c’est la jeune actrice Honor Kneafsey qui lui prête sa jolie tignasse et sa volonté farouche de ne pas abdiquer.