Une femme mariée et son amant, initialement engagé pour peindre son portrait, se lancent dans la vente de bulbes de tulipe pour récolter assez d'argent afin de fuir.
Le film de Justin Chadwick plonge dans un moment de fièvre spéculative des plus inattendus. Il reconstitue comme si nous y étions la ville d’Amsterdam du 17ème siècle en proie à une hystérie qui s’empare de toutes les couches de la population, des plus pauvres, désireux de sortir de leur condition misérable aux plus riches, désireux de devenir encore plus riches et de marquer leur réussite sociale de la manière la plus voyante : qui s’emparera du bulbe de la tulipe la plus belle, la plus rare ? Le bulbe spéculatif finira bien par éclater, entraînant la ruine de nombreux spéculateurs, c’est une de ces catastrophes que nous ne connaissons que trop bien de nos jours. Bien sûr, il faut à cette fièvre non seulement un décor mais aussi une intrigue et des personnages qui nous attachent. Une passion amoureuse va se nouer entre Sophia et le jeune peintre Jan Vanloos chargé de la représenter avec son bourgeois de mari dans les poses les plus avantageuses : de l’aveu même du mari, le peintre a su saisir l’essence même de la beauté de son épouse. Interprétée il est vrai par Alicia Vikander, belle à faire pâlir de jalousie toutes les jeunes filles à la perle de Hollande et d’ailleurs. L’intrigue est romanesque à souhait, sans doute même un peu trop, et le dénouement à la limite de la vraisemblance. Mais le plaisir est d’abord dans la reconstitution d’une ville partagée entre l’austérité du protestantisme rigide de la classe dirigeante des marchands pour qui la réussite est un signe du divin, et le peuple de la rue boueuse, hirsute, joyeux, violent. Outre la beauté de son interprète principale, on savourera aussi la présence de Christoph Walz, qui fait de son personnage bien plus qu’un mari trompé mais au contraire un homme tourmenté par des passions contraires. Un film qui, sans être un chef d’œuvre, est un plaisant divertissement.