Santa Barbara, été 1979. L'époque est marquée par la contestation et d'importants changements culturels. Dorothea Fields, la cinquantaine, élève seule son fils Jamie. Elle décide de faire appel à deux jeunes femmes pour que le garçon, aujourd'hui adolescent, s'ouvre à d'autres regards sur le monde : Abbie, artiste punk à l'esprit frondeur qui habite chez Dorothea, et sa voisine Julie, 17 ans, aussi futée qu'insoumise...
Une bien belle surprise que nous offre le cinéma américain indépendant ! Le réalisateur Mike Mills part à la recherche de ses propres souvenirs d’adolescent pour reconstituer l’atmosphère de la fin des années 70, dont on avait peut-être oublié à quel point elle était bouillonnante de changements culturels, de contestations et de remises en question. Bouillonnement bien sûr porteur d’incertitudes voire d’angoisses, mais aussi d’espoirs. Le futur reste prometteur de tous les possibles. Nous voilà loin de la noirceur qui semble paralyser le monde d'aujourd’hui.
Mais le film n’est heureusement pas un portrait à charge de notre époque, et la nostalgie qui s’en dégage est paradoxalement une revigorante source de vitalité. L’intrigue est somme toute assez mince et plutôt banale : une mère élève seule un ado (enfant qu’elle a eu sur le tard), les relations sont parfois tendues, et elle fait appel à des relations plus jeunes et plus branchées dans l’espoir de ramener le jeune Jamie vers une certaine normalité. Le film doit tout à ces personnages vibrant d’une même soif de vie, et Mike Mils nous offre 3 formidables portraits de femmes : appartenir à des générations différentes, ne les empêche pas de se comprendre, de s’aimer dans une merveilleuse complicité pleine de tendresse.
Les 3 actrices qui portent ces personnages sont, dans des registres différents, remarquables de spontanéité, à commencer par Annette Bening, la mère – courage, drôle, émouvante, en apparence fragile mais surtout animée d’un immense appétit de vivre. Greta Gerwig et Elle Fanning, en apparence si dissemblables, sont à la hauteur de leur prestigieuse aînée (Annette Bening, pourquoi êtes-vous si rare ??). Oui, vraiment, ce retour en arrière vers une Amérique pas si lointaine et pourtant si différente, est un voyage rafraîchissant qui en vaut vraiment la peine.