Des enfants glissent dans la neige de la ville, échangent un ballon qui les mène à leur terrain vague, peuplé au loin des grues qui déconstruisent et construisent la ville. Le chauffeur de taxi iranien nommera pour nous cette ville qu’il aime, Bruxelles, dont « ils » sont en train de faire « un gigantesque bureau », mais qui reste pour lui un lieu où « l’on ne se sent jamais seul ». Bruxelles comme archétype d’une capitale de l’Europe vibrant des antagonismes à l’œuvre entre ceux qui décident des flux et les êtres qui les font, immigrés d’hier et d’aujourd’hui, désormais en charge de la seule véritable identité de la ville qui vit, en surimpression sur la ville qui meurt et l’absurde qui s’érige en sa place.Bruxelles creuse ainsi sa voie contemporaine, violente et obscène comme une métropole, mais vivante et libre encore par endroits, dans les interstices laissés par la contrainte des papiers, grâce à son vrai poumon multiculturel qui travaille en coulisses. Le film navigue dans ces antagonismes, tour à tour plongeant au plus près des corps qui s’agitent dans la fourmilière urbaine et s’élevant dans les airs à la recherche d’un recul susceptible de restituer du sens à ce qui n’en a plus, pour constituer une sorte de poème social ou de comédie musicale documentaire à la fois intelligente et intime.