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99 HOMES (2015) - Cinemaniacs.be
99 HOMES


Rick Carver, homme d’affaires à la fois impitoyable et charismatique, fait fortune dans la saisie de biens immobiliers. Lorsqu’il met à la porte Dennis Nash, père célibataire vivant avec sa mère et son fils, il lui propose un marché. Pour récupérer sa maison, sur les ordres de Carver, Dennis doit à son tour expulser des familles entières de chez elles.



Le cinéma américain est d’une remarquable (et redoutable) efficacité lorsqu’il s’agit de montrer les turpitudes du rêve américain dévoyé pour le plus grand profit de quelques cyniques sans scrupules et le malheur de ceux qui ont eu la naïveté de leur faire confiance. Ramin Bahrani met ici tout son talent, et il est grand, pour dénoncer la violence économique qui, en 2008, expulsa de leurs logements des milliers de familles incapables de rembourser les prêts que les banques leur avaient consentis tout en spéculant qu’elles seraient incapables de rembourser. Le cynisme, lui, semble indestructible. La partie la moins convaincante du film est peut-être la scène finale qui laisse entrevoir une happy end avec la chute de Rick Carver qui semble avoir évacué toute humanité de sa personnalité : pour lui (et pour combien d’autres ?), l’Amérique n’est pas faite pour les perdants, à commencer par tous ces crétins dont il revend les maisons saisies par les banques. «  A house is a box ». En quelques séquences qui enchaînent toute la misère des expulsés qui va de la révolte inutile (la loi est contre eux et la police veille à ce que tout se passe dans les règles) jusqu’à l’incompréhension et la résignation, c’est toute la cruauté d’un système où le fric écrase toute compassion(le vilain mot ringard !). Le réalisateur évite d’en remettre sur le pathos, la brutalité se suffit à elle- même pour glacer d’effroi et susciter la colère. Mais le pire est que parfois, pour s’en sortir et récupérer la maison familiale dont il vient d’être expulsé avec son enfant et sa propre mère, la victime peut se transformer en salaud, et devenir à son tour un spécialiste de l’expulsion sous le contrôle et avec les encouragements de son mentor. Jusqu’où est-on capable d’aller dans la saloperie pour sauver la vie que l’on croyait sur les rails d’un bonheur simple ? Faut-il signer un pacte avec le diable ? Dennis Nash tente le pari, oubliant que l’estime de soi et l’amour des siens ne résistent pas nécessairement à tout. Excellent film, dans la lignée de ce cinéma de la dénonciation tout à l’honneur de ceux qui le réalisent et le produisent en faisant confiance à la maturité du public. Grand Prix au festival du cinéma américain de Deauville. Et rappelons, dans cette lignée, Spotlight, film indépendant, Oscar du meilleur film en ce début d’année 2016. Pas mal, comme début !

Jean-Pierre Sculier









2015
USA
Drame
1h50


Realisateur

Ramin
Bahrani




Acteur

Michael
Shannon

(Rick Carver)


Andrew
Garfield

(Dennis Nash)


James
Brown

(Elliot)


Noah
Lomax

(Connor Nash)


Tim
Guinee

(Frank Greene)


Laura
Dern

(Lynn Nash)


Cullen
Moss

(Bill)


Judd
Lormand

(Mr. Hester)


Clancy
Brown

(Mr. William Freeman)


Scenariste

Ramin Bahrani

Amir Naderi

Producteur

Ashok Amritraj

Ramin Bahrani

Justin Nappi

Kevin Turen

Compositeur

Antony Partos

Matteo Zingales

Date de Sortie

Belgique
27/04/2016
USA
25/09/2015
UK
25/09/2015

Distributeur

Cinéart