Cinquante ans après la mort d'Irène Némirovsky, sa fille trouve le courage de lire son journal et y découvre une histoire incroyable... 1940 - France. Attendant des nouvelles de son mari, prisonnier de guerre, la sublime Lucile Angellier mène son existence sous l'oeil inquisiteur de sa belle-mère. Mais bientôt, arrive une garnison de soldats allemands qui s'installe chez l'habitant. Elle essaye d'abord d'ignorer Bruno, l'élégant officier qui séjourne chez elle. Ils succomberont à l'amour au bout de quelques semaines, ce qui va les mener vers les tragédies de la guerre...
Le chef-d’œuvre de la romancière d’origine russe, dont la famille avait trouvé refuge en France au moment de la Révolution, et qui disparut dans un camp d’extermination en 1942, est ici malmené par une adaptation cinématographique irresponsable. On ne s’habituera jamais à ce genre de trahison dont le cinéma est pourtant coutumier. Tant mieux si le spectateur, alléché par le casting et le matraquage publicitaire qui ira avec, se rend en salle sans avoir encore lu le livre d’Irène Nemirovsky, il pourra suivre paresseusement les amours contrariées de la belle française avec l’officier allemand, sous le regard courroucé de la belle-mère (de la Française, pas de l’officier). Une jeune femme frustrée, quasiment séquestrée, un homme raffiné, poète, musicien, mais parfois, que voulez-vous, les ordres sont les ordres. Pour être homme, on n’en est pas moins soldat du Grand Reich. Mais même vu sous cet angle feuilletonnesque, ce film franco-britannico-belge apparaît bancal et maladroit. Rien à reprocher aux comédiens qui, individuellement, assument leurs personnages avec un minimum de conviction. Mais ceux-ci sont malgré eux engoncés dans des stéréotypes qui les réduisent d’autant plus que le casting aussi international qu’hétérogène ne rend pas très convaincante la reconstitution historique. Voir et entendre ces paysans français, dans leurs vêtements ruraux très seyants, parler de leur difficulté grandissante à vivre sous l’occupation, dans un anglais accentué parfois à l’américaine, prête à sourire, ce qui n’est pas l’objectif poursuivi ! Pas sûr que cette adaptation sans personnalité donne envie au spectateur de lire le roman. On peut voir tous les films, ce qu’on en pense, c’est une question de goût ! Que ceux qui ont envie de voir Michelle Williams, Kristin Scott Thomas, Mathias Schoonaerts au milieu d’une campagne française pleine de soleil et de couleurs ne s’en privent pas. Et qu’ils sachent qu’un peu plus tard, les attendent de passionnants moments de lecture.