BEFORE MIDNIGHT

On est heureux de les retrouver et peiné de devoir les quitter à nouveau. En espérant que ce n’est qu’un au revoir. Bien sûr, Céline et Jessie ont changé, ils ont perdu de leur légèreté, la vie les a lestés de cadeaux(les enfants, les boulots passionnants…) qui menacent parfois de devenir des obstacles à leur amour. Ils avaient construit leur relation sur de longs et subtils marivaudages (Before Sunrise, 1995, Before Sunset neuf ans plus tard). Ils en auront cette fois bien besoin, de la parole, pour lever les malentendus, les frustrations qui se sont insinuées entre eux au risque de les séparer. Sous le soleil étincelant d’une Grèce intemporelle, au milieu d’amis affectueux, le bonheur de vivre les instants qui passent se voile parfois de mélancolie. Le spectateur n’échappe pas à cette confusion des sentiments, il participe au plaisir du verbe, il appréhende les menaces, sourit et s’attriste. C’est que les personnages sont proches de nous, ils vivent dans la simplicité des jours, mais ils veulent plus et mieux, surtout Céline, à la fois rayonnante et désemparée. La réussite de ce film, comme celle des précédents, tient pour une bonne part à la complicité qui unit le réalisateur, Richard Linklater, et ses deux principaux comédiens, Julie Delpy et Ethan Hawke. Ils ont élaboré ensemble le scénario, écrit les dialogues, on imagine le plaisir de cette collaboration, on est heureux de le partager. Le dialogue au cinéma est bien souvent sacrifié à l’action, au point de paraître suspect voire ringard. Toute ringardise assumée, quel plaisir que cette alliance du texte, de l’image, de l’intelligence et de la beauté du regard et du geste.