Il était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui. Il était une fois une petite fille qui croyait en Dieu. Il était une fois un homme qui ne croyait en rien jusqu’au jour où une voyante lui donna la date de sa mort et que, à son corps défendant, il se mit à y croire.
Les comédies douces-amères d’Agnès Jnaoui, coscénarisées par Jean-Pierre Bacri, ont souvent laissé une petite trace bien plaisante dans la mémoire des spectateurs(Le Goût des Autres, pour ne citer que cette réussite-là).C’est dire si, dans le désert actuel de la comédie française, sa dernière réalisation promettait un divertissement bienvenu. Une certaine déception est malheureusement au bout du compte.
L’histoire est sympathique, les scènes savoureuses ne manquent pas mais l’ensemble manque de rythme et de cohésion. Dans ce film choral qui essaie de s’introduire dans différents milieux d’une société passablement névrosée à tous les étages, on trouve difficilement un fil conducteur.
Les personnages empruntent leurs rêves et leurs frustrations aux héros de différents contes qu’il est facile d’identifier. De la bonne fée au grand méchant loup, en passant par la belle princesse et la méchante sorcière obsédée par son miroir, chacun trouve comme il peut sa place dans une vue d’ensemble qui se veut satirique.
On vous laisse opérer les transpositions, parfois amusantes, parfois lourdes. Le manque d’unité disperse l’intérêt que l’on aimerait porter à certains personnages, parfois réduits à la taille de figurants sans beaucoup d’envergure.
Et l’on comprend vite que les meilleurs moments du film seront les rencontres entre la bonne fée (Agnès, la comédienne sans talent et quasi sans boulot) et Pierre, moniteur d’auto-école, grognon, hargneux, qui fait tout pour qu’on ne puisse pas l’aimer, par peur de l’autre sans doute. Mais si la mécanique douce-amère marche bien dans ces moments-là, il faut aussi reconnaître que Bacri s’auto-parodie et se prête au jeu qu’on lui connaît.
On sourit, comme d’un ami à qui on a envie de dire : « ça y est, voilà que tu recommences ! ». Et c’est parce qu’on l’aime qu’on voudrait bien qu’il se renouvelle un peu, comme on attend du prochain film de sa partenaire une écriture plus resserrée, avec moins de stéréotypes et plus d’entrain, même dans les moments où la vie doit s’observer avec des grincements.