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UN BALCON SUR LA MER (2010) - Cinemaniacs.be
UN BALCON SUR LA MER




Marc a une vie simple qui semble lui convenir, marié, père attentif d'une petite fille. Il travaille dans une agence immobilière d'Aix-en-Provence où il a des parts. Dans son métier il est efficace, carré, intègre. Un jour, au détour d'une circonstance professionnelle, il rencontre une jeune femme qui vient acheter une bastide.Il ne la reconnaît pas tout de suite. Quelques heures après seulement. Tout cela est si loin, si enfoui. Son enfance en Algérie, à Oran, à la fin de la guerre d'indépendance, au plus violent de la guerre civile. Dans la vie de Marc il y avait cette petite fille, Cathy. Elle habitait en face. Quand il se réveillait, il courait à la fenêtre, la guettait. Ils échangeaient des signes de reconnaissance, des gestes n'appartenant qu'à eux. Ils avaient douze ans, ils ne se touchaient pas, ils se disaient qu'ils s'aimaient. Dans le groupe d'enfants du quartier, eux deux seulement osaient aller sur la terrasse de l'immeuble, interdite par l'armée. Ils s'isolaient dans la buanderie de ciment, savouraient leur intimité dans le parfum de la lessive. Et puis un jour Marc était parti. Un arrachement. Ils ne s'étaient jamais revus. Comme si l'histoire avait soudain emmuré cette origine, cette part la plus profonde d'eux-mêmes. Marc va retrouver la jeune femme à l'hôtel. Elle est sur le départ. Tu me reconnais ? Oui bien sûr, elle le reconnaît. Il est Marc. Cathy. Il ne veut pas la quitter, il veut l'emmener avec lui, au bord de la mer où il doit voir un terrain à vendre. D'abord elle est réticente, puis elle accepte. Mais leurs souvenirs communs, elle en parle rapidement, elle les expédie, comme d'une page tournée. Ils passent la journée ensemble, la nuit. Ils ont trente-cinq ans maintenant, leurs corps se rencontrent dans le noir de la chambre d'hôtel, éclipsant pour quelques heures cette lumière pâle, aux contours incomplets, des amours d'enfance. Ils se quittent au petit matin. Ils savent qu'ils vont se revoir, à Aix, quand elle signera la promesse de vente de la bastide. Marc part quelques jours en vacances en Espagne avec sa famille. Sa mère vit là-bas. La mémoire de la vieille dame est devenue vague, incertaine. Marc n'a pas pu s'empêcher de lui parler de Cathy.Tu te souviens de cette petite fille qui habitait en face de chez nous. Oui, je me souviens. Mais elle est morte. Mais non. Si, elle est morte dans un attentat peu après qu'on soit partis.Marc est furieux, incrédule. Mais il ne peut pas insister, sa mère est déjà lassée, fragile. De retour à Aix, Marc attend le jour où Cathy doit revenir.Elle vient en effet. Mais ils ne sont pas seuls. Elle va signer chez le notaire. Ils n'échangent que quelques mots. Elle s'échappe, elle fuit Marc, lui donne rendez-vous à l'hôtel où elle n'est plus. Maintenant Marc veut savoir. Comme une question qui devient le centre, l'énigme de sa vie. Si elle n'est pas Cathy, qui est cette femme, qui elle aussi l'a connu au moment de l§enfance, de la guerre, des terrasses interdites ?


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Nicole Garcia, de film en film, scrute le même monde d’une bourgeoisie en apparence lisse et sans histoire, dont elle révèle progressivement les failles, les fragilités, et parfois les monstruosités. La vie de Marc est sûre, tranquille, construite sur les certitudes d’une vie affective, sociale et professionnelle réussie. Il a mis toutes les chances de son côté. Le basculement dans les incertitudes se fait dans la discrétion et l’élégance de cet univers feutré. Fidèle à cette distance que ses détracteurs prennent parfois pour de la froideur et un parti-pris « intellectualiste », la réalisatrice prend son temps (et ce n’est pas ici une lacune), pour lier subtilement une intrigue quasi policière avec une difficile et douloureuse redécouverte de son passé. C’est cette recherche labyrinthique d’une enfance et d’un bonheur perdus dans une ville d’Oran traumatisée par les dernières violences de la guerre d’Algérie, qui rend le film passionnant. Et N. Garcia aime les acteurs, qui lui rendent cette affection en donnant à leurs personnages une complexité qui interdit de les réduire à quelques stéréotypes. Le spectateur aime qu’ils soient contradictoires, imprévus et imprévisibles. J. Dujardin est superbe de force et de fragilité. M-J. Croze recrée la trouble sensualité d’une K. Novak (il y a un peu de l’étrangeté de Vertigo dans le film de N. Garcia) sans être aucunement asservie au personnage d’Hitchcock. Et s’il y a bien sûr des personnages secondaires, ils reçoivent de leurs interprètes une émotion qui les maintient au premier plan de l’intérêt de l’histoire. (S.Kiberlain, M. Aumont). Une réalisation de facture certes classique, mais qui garantit un regard intelligent et sensible sur les chemins si divers, et parfois de traverses, que tant d’hommes et de femmes parcourent, comme ils peuvent….et dans tous les sens.

Jean-Pierre Sculier

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2010
France
Drame
1h50


Realisateur

Nicole
Garcia




Acteur

Jean
Dujardin

(Marc Palestro)


Marie-Josée
Croze

(Marie-Jeanne)


Sandrine
Kiberlain

(Clotilde Palestro)


Michel
Aumont

(Robert Prat)


Toni
Servillo

(Sergio Bartoli)


Claudia
Cardinale

(La mère de Marc)


Scenariste

Frédéric Bélier-Garcia

Natalie Carter

Jacques Fieschi

Nicole Garcia

Producteur

Alain Attal

Compositeur

Stephen Warbeck

Date de Sortie

Belgique
22/12/2010
DVD
21/04/2011
France
15/12/2010

Distributeur

Les films de l'Elysée

Distributeur dvd/Blu-Ray/VOD

Mélimédias